L’impact des Gilets jaunes sur les CHR

Depuis plus de trois mois maintenant, les manifestations des Gilets jaunes surviennent tous les samedis dans les rues de Paris. Ces actions de revendications ont de fortes conséquences sur l’économie française : pour preuve, le taux de croissance a été divisé par deux ! Le milieu de la restauration n’est pas épargné et voit lui aussi son chiffre d’affaires chuter. Focus sur ce phénomène.

L’impact des manifestations touche tout l’écosystème : cafés, restaurants, hôtels, sans oublier les fournisseurs de l’agro-alimentaire… Un phénomène qualifié de pénalisant par les plus conciliants, et de dramatique par la majorité des acteurs. Car on avoue sans peine que c’est tout un circuit qui est touché. Après un premier constat, la perte sur les chiffres d’affaires s’avère conséquente. Le secteur de la restauration déplorait les résultats de l’année, les manifestations n’ont fait qu’empirer ce constat.

Les samedis noirs

Le samedi 17 novembre 2018 marque le début d’une longue série de manifestations bloquant la capitale. Rappelons pour mémoire que le mouvement des Gilets jaunes a débuté lorsque le gouvernement a annoncé la hausse de la taxe sur les carburants. Pour montrer leur désaccord avec cette directive, nombre de Français mécontents ont bloqué des ronds-points, gilets jaunes sur le dos tous les jours de la semaine, et par des manifestations chaque samedi. Un symbole est né et embarque le pays dans un climat délétère. Le mouvement des Gilets jaunes prend alors de plus en plus d’ampleur, et de nouvelles revendications viennent peu à peu s’ajouter à la liste. Le phénomène s’accompagne de violences et de dégradations, initiées par des casseurs en marge du mouvement, allant jusqu’à l’éventration de commerces… une véritable situation de chaos se ressent partout en France, mais c’est à Paris que les dégâts sont les plus importants.

Un fléau pour l’industrie du commerce

Ces mouvements sociaux, répétés chaque samedi, ont un impact tragique pour les CHR (Cafés-Hôtels-Restaurants) car le samedi est le jour de la semaine au cours duquel ils réalisent leur plus gros chiffre d’affaires. De nombreux commerces, situés sur la trajectoire empruntée par les Gilets jaunes, se sont vus contraints de fermer boutique pour éviter les dégradations. Certains d’entre eux ont même dû se barricader à l’intérieur de leur établissement ! Notons cependant que ces manifestations n’ont pas uniquement un impact sur les CHR de proximité mais également sur la fréquentation des autres CHR. Un bilan qui coûte cher, humainement et financièrement.

 

Toute une économie en perte

C’est un véritable manque à gagner pour tout un secteur : cafetiers, hôteliers et restaurateurs ont le moral en berne, et cela s’explique aisément. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et affichent des résultats inquiétants : les restaurants ont été impactés d’une perte de 20 à 30 %, en fonction de leur emplacement sur l’ensemble. En ce qui concerne les week-ends, la baisse est de 40 à 60 %. Par semaine, les restaurants traditionnels auraient perdu entre 2 000 et 5 000 euros. Les causes sont claires : la fermeture ou le manque de fréquentation. L’hôtellerie a également été touchée et le secteur affiche une perte de chiffre d’affaires portée entre 15 et 20 % (soit entre 4 000 et 10 000 euros pour les petits et moyens hôtels). En revanche, le climat d’affaire semble se maintenir pour janvier 2019, en dépit des pertes subies en novembre et décembre. Edouard Lefebvre, délégué général du comité des Champs-Elysées, affirmait que la manifestation du 3 décembre avait engendré une perte de huit millions d’euros pour les commerces de l’avenue des Champs-Elysées.

Les fournisseurs des CHR pâtissent aussi du phénomène

Acteurs à part entière de l’industrie agro-alimentaire, les fournisseurs des CHR sont eux aussi  victimes de la mobilisation répétée des Gilets jaunes. Le secteur de l’agro-alimentaire annonçait une destruction de valeur proche de 13,5 milliards d’euros, d’après le rapport de conjoncture réalisé par ANIA (Association Nationale des Industries Alimentaires). Le marché de gros et celui de la marchandise fraîche ont subi quant à eux une perte de 15 % de leur chiffre d’affaires. D’après l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), le solde des ventes pour le marché de gros est en-dessous de la moyenne. Le milieu de la restauration souffre clairement de cette conjoncture actuelle. Des aides du gouvernement pour le chômage partiel sont mises à disposition pour soulager les chefs d’entreprise.